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Et si Rome n'était jamais tombée aux mains des barbares ? Par Pascal Lemaire
IVème partie Les premiers constantiniens ( 305 - 355 ) IV.1 : Constance Chlore et Constantin Les nouvelles arrivant d'Italie suite à la bataille ayant opposé les trois Duces convainquirent C. Galerius Valerius Maximinanus, Dux Mesopotamiae, de prêter serment de fidélité à Constance Chlore, Galère ayant compris qu'il avait raté l'occasion de prendre le pouvoir. Le règne de Constance Chlore devait cependant être assez bref, une maladie l'emportant moins d'un an après son accession au trône. C'est son fils, Constantin Ier, qui lui succéda. Constantin avait alors 34 ans, et était un soldat expérimenté, vétéran de plusieurs campagnes en Britania contre les peuples du nord ainsi que d'un certain nombre d'opérations menées sur le front danubien où il avait servit en tant que légat d'une des légions de son père. Ses talents militaires furent mis à l'épreuve lorsque les Francs et les Alamans unis aux Bructères, aux Chamaves, aux Chérusques et aux Tubantes, envahirent la Gaule en nombres si importants que le Dux Flavius Galerius Valerius Licinianus Licinius avait été contraint d'appeler l'Empereur. Cette campagne fut cependant relativement brève. Revenu à Rome il eut à affronter en 212 une révolte dirigée par ce même Flavius Galerius Valerius Licinianus Licinius, devenu entre temps Dux Africae. Les motifs de cette rébellion n'étaient pour une fois pas l'ambition personnelle mais une crise religieuse. Constantin avait en effet pris une série de mesures destinées à renforcer l'autorité impériale dans les provinces via, notamment, une relance du culte impérial. Cependant les chrétiens refusaient de se soumettre aux obligations de ce culte, et les communautés d'Egypte et d'Afrique avaient convaincu Licinius de représenter leurs intérêts auprès de l'Empereur. Certains disent même que Licinius s'était convertit au christianisme. Quoi qu'il en soit, les relations entre les deux hommes s'envenimèrent très rapidement au point que Licinius embarqua ses troupes à bord d'une imposante flotte rassemblée à Carthage et fit voile vers l'Italie. Constantin, prévenu à temps de ces préparatifs, avait de son côté fait venir en Italie deux légions ( une gauloise et une danubienne ) pour augmenter ses forces. C'est près de Naples que Licinius débarqua. Il n'avait pas encore achevé d'organiser ses troupes que l'armée impériale apparut, moins de trois jours après le débarquement de Licinius. A leur tête, Constantin en personne, qui fit monter son camp sur le site de la ville disparue de Pompéi. Le lendemain les deux armées s'affrontèrent. Licinius, avec ses quatre légions mal entraînées, n'eut aucune chance. En moins de 4 heures la bataille était perdue pour lui, et il se suicida plutôt que de tomber au mains des forces impériales. Il fallut plusieurs mois à Constantin pour décider de ce qu'il allait faire de ces chrétiens. Ils étaient un problème pour l'Empire depuis plus d'un siècle, comme le prouvaient les lettres que Pline le jeune avait envoyé à Trajan, et Constantin se doutait bien qu'il ne résoudrait pas le problème en un jour. Finalement c'est vers la fin de l'année qu'il rédigea à Milan un édit resté célèbre dans lequel il ordonnait la mise a mort de tous les chrétiens et ordonnait aux gouverneurs de province de rédiger des listes de proscription. Mais l'édit ne visait pas que les chrétiens, les juifs étant aussi mentionnés. Cette méthode abjecte, que l'on avait plus utilisé depuis Auguste, consistait en la rédaction de listes de gens susceptibles d'êtres mis à mort par tout citoyen, qui récupérait alors les biens de sa victime. Là où les premières listes n'avaient duré que quelques semaines, les proscriptions de Constantin durèrent 5 ans. Dans toutes les provinces les soldats cherchèrent les catacombes, lieux de rassemblement privilégiés des chrétiens, et saccagèrent les tombes appartenant à des chrétiens tandis que dans les palais des gouverneurs se pressaient de vils individus venant demander l'inscription de leurs riches parents sur les listes de proscription. A la fin de ces 5 ans le christianisme avait plusieurs milliers de nouveaux martyres, et nombreux étaient ceux s'étant exilés au marges de l'Empire, que ce soit au sein des tribus germaniques ou dans l'Empire Parthe. Nombreux aussi étaient ceux à s'être réfugiés dans la péninsule arabique, au Yemen notamment. Le règne de Constantin devait durer jusqu'en 330, marqué par plusieurs autres vagues de persécutions contre les chrétiens. Finalement l'un d'entre eux devait l'assassiner lors d'une partie de chasse. Cet assassin fut immédiatement tué, mais il apparaît aujourd'hui que cet assassin était un affranchi de Constance II, le fils de Constantin. Etant donné que c'est Constance II qui succéda à Constantin et qu'il se convertit officiellement au christianisme l'année suivant son intronisation, certains pensent que c'est Constance qui avait ordonné ce meurtre... IV.2 : Les premières années du règne de Constance II Felix Constance II accéda au trône dans des circonstances peu claires, certains l'accusant d'avoir organisé le meurtre de son père Constantin Ier. Cependant les 4 Duces ne se soulevèrent pas, et le Sénat approuva la nomination. Immédiatement Constance II commença à révoquer les édits de son père à l'égard des chrétiens, allant jusqu'à prendre un édit connu sous le nom d'"Edit de Tolérance" accordant la liberté de culte dans l'Empire. Il fit aussi construire la première église de Rome, le long de la via Sacra, et érigea une chapelle au coeur du Palatin pour son culte personnel. Sur le plan politique, il entreprit une réforme de la structure administrative et militaire de l'Empire : considérant que les Duces avaient trop de puissance il décida de créer un nouveau poste, celui de Comes Limitanei, à raison d'un par province frontalière. Ils commanderaient les forces fixes situées sur les frontières proprement dites, principalement constituées d'infanterie légionnaire basée dans de puissantes forteresses et d'infanterie auxiliaire basée un dense réseau de tours d'observation. Des auxiliaires étaient aussi chargés de la garnison des principales villes, installés dans des baraquements construits dans un secteur bien définit des villes. Les Duces auraient eux de forces baptisées "comitatenses", des forces d'interventions basées en arrière des Limes et composée surtout de cavalerie et d'artillerie mobile, les fameuses carrobaliste, balistes montées sur charrettes utilisées depuis la campagne dace de Trajan. Les Préfets conservaient eux leurs légions, toujours à raison d'une par préfecture, principalement pour des raisons d'ordre intérieur. Une autre décision importante de Constance II fut la réorganisation de la production de l'armement et des équipements des troupes. Autrefois assurée en interne par les légions, ces productions seraient désormais standardisées et assurée dans des centres sous le contrôle de l'administration impériale. Si cela ne changeait pas grand chose pour les troupes régulières cela devait en revanche profondément remodeler l'apparence des forces auxiliaires, qui souvent conservaient jusque là leurs techniques traditionnelles de combat. Cependant, malgré ces changements profonds de la structure de l'armée les Duces restaient les principaux responsables de la défense des Limes et conservaient le droit de réquisitionner les forces préfectorales. En 337 cependant, pour des raisons qui restent peu claires, et peut-être sur ordre de Constance II lui-même, Jules Constance, demi-frère de Constantin et Dux Mesopotamiae fut assassiné, tout comme plusieurs autres proches de Constantin Ier. Le règne de Constance II fut relativement calme pendant plusieurs années, malgré une campagne contre les Goth en 332, une autre contre les Vandales en 334 et une intervention en Bretagne en 343 : le nouveau système défensif mis en place par Constance II semblait efficace et à même de repousser la plupart des attaques ennemies sans intervention du pouvoir central. Par ailleurs, le développement d'un très dense réseau de fortifications dans les régions frontalières avait amené la création d'un réseau tout aussi dense de routes qui s'était répercuté dans tout l'Empire, facilitant les échanges commerciaux et le développement des villes. Sur le plan civil cette première partie du règne de Constance II est marquée par la volonté de l'Empereur de christianiser ( selon le credo arien ) l'Empire. On voit des prêtres introduire le monachisme en occident, les premiers évêchés de Belgique sont fondés,... La volonté impériale se traduit aussi par des persécutions contre les juifs et les hérésies chrétiennes comme lors de la révolte des Circoncellions et des Donatistes en Numidie, réprimée dans le sang. En 349 plusieurs révoltent éclatent dans l'Empire au moment où une nouvelle peuplade, les Huns, fait son apparition en Arménie et en Mésopotamie, dont ils sont chassés vers la Perse. La plus importante de ces révoltes est celle de Flavius Magnencius, Dux Galliae d'origine franque proclamé empereur par ses troupes. Pendant 4 ans Magnence tiendra tête à Constance II, n'hésitant pas à réquisitionner des troupes du Limes rhénan. Cela provoque en 352 la prise de 40 villes par les Alamans qui occupent désormais un large territoire romain situé entre Rhin et Moselle tandis que des tribus germaines envahissent l'Helvétie. En 351 Constance II, se méfiant de son Dux Danubii, nomme Constance Gallus, fils de Jules Constance. Il occupera ce poste jusqu'à sa mort, lors d'une escarmouche sur la frontière, en 354. Pendant ce temps son frère Flavius Claudius Julianus suit les enseignements de plusieurs professeurs chrétiens ainsi que de plusieurs philosophes athéniens. Progressivement Julien en vient à renier le christianisme au profit du paganisme ancien. Il se garde cependant bien de révéler sa foi, connaissant le fanatisme de l'Empereur. 354 voit la célébration de la première fête de Noël, destinée à faire oublier la fête païenne du solstice d'hiver. Mais l'Empereur ne peut y assister, étant contraint de faire campagne en Helvétie pour en chasser les Alamans qui l'ont envahie à leur tour. C'est le prélude d'une vaste invasion alamane : en 355 45 villes tombent aux mains d'une coalition de Francs et d'Alamans, principalement en raison du manque de troupes provoqué par la guerre civile de 349-353. Les forces sensées occuper la frontière sont en effet en cours d'entraînement près de Lyon. Dans le même temps un roi Berbère s'empare de la Maurétanie avec l'aide d'hérétiques en rébellion contre l'Eglise officielle. Constance II va alors nommer Julien Dux Galliae tandis que lui-même s'occupera des troubles en Afrique.
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